C'est l'une des séquences fortes du Consentement de Vanessa Filho, d'après le récit de Vanessa Springora. Une archive avec Gabriel Matzneff invité à la télévision, que la réalisatrice a souhaité montrer dans le film. Découvrez ce moment glaçant.

En 1990, la célèbre émission littéraire Apostrophes, présentée par Bernard Pivot, invitait le romancier Gabriel Matzneff. Ce moment d’archive, le seul présent dans le long métrage Le Consentement, actuellement en salle, est saisissant et glaçant. Il représente l’une des séquences fortes du film mis en scène par Vanessa Filho, d’après le récit de Vanessa Springora, avec Jean-Paul Rouve qui explique s’être inspiré d’un célèbre psychopathe pour le rôle.

Nous vous proposons de découvrir cet extrait de l’émission, dans lequel Gabriel Matzneff est interrogé par Bernard Pivot. Il va très vite se retrouver face aux propos de Denise Bombardier, une autrice québecoise aujourd’hui décédée, et seule femme sur ce plateau à oser s’opposer à ces paroles. “Monsieur Matzneff me semble pitoyable“, et ajoute plus loin, “La littérature ne peut pas servir d’alibi“, puis, encore plus frontalement : “on sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons, il les attire avec sa réputation“.

Une séquence qui semble sidérante aujourd’hui, que Vanessa Filho a gardé en partie dans son film Le Consentement. Les images sont restituées, seule la voix de Gabriel Matzneff a été remplacée par celle de Jean-Paul Rouve, pour coller avec le reste du film. Mais les propos sont laissés intacts.

C’était important pour moi que cette séquence d’Apostrophe y soit, nous explique-t-elle dans notre entretien en podcast. Je voulais rendre hommage à cette femme [Denise Bombardier] qui a été la seule à s’opposer et à prendre la parole. Il faut quand même savoir qu’après son intervention à la télévision, elle a été lynchée par la société. Elle a été traitée de salope, de mal baisée. Ça a été un traumatisme pour elle. mais c’est vrai qu’on est dans les années 80 à ce moment-là, dans le film. Il commence en 1985, et puis on suit Vanessa [Springora] dans son parcours jusqu’à début 1990, et justement cette émission.

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Et d’ajouter : “A cette époque, la société, la télévision laissaient une place de choix à un homme qui concrètement faisait l’apologie de la pédophilie. Quand on y pense aujourd’hui, on se dit, heureusement, que ça ne pourrait plus arriver. Tout ça n’est quand même pas si loin. Les choses n’ont encore pas tant changé.”

“Quand on regarde aujourd’hui les statistiques, les abus sexuels qui continuent, les abus de pouvoir quels qu’ils soient, le nombre de féminicides, le nombre d’incestes qui sont déclarés, la société dysfonctionne toujours autant. Ce qui est sûr, c’est qu’à cette période là, il y avait une complaisance dans le milieu littéraire et intellectuel qui a sûrement mis en danger énormément de personnes. Je pense à toutes ces victimes qui ont vu cette émission et qui se sont dit : si ça ne choque personne, c’est que tout à est normal. Mais je pense aussi à d’autres prédateurs potentiels, qui se sont dit : puisqu’on invite Gabriel Matzneff dans une émission comme Apostrophes, et il n’y a aucun souci à agir avec autant d’impunité, alors je peux agir de la même façon… C’est notre société, en France, qui a permis ça, à cette époque là.”

Le Consentement, actuellement au cinéma, est une adaptation du récit best-seller de Vanessa Springora, centré sur sa relation d’emprise avec l’écrivain Gabriel Matzneff.

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