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AlloCiné vous fait vivre le 76e Festival de Cannes, du 16 au 27 mai 2023. Retour sur les grands moments du septième jour, avec les projections de "Club Zero" et "The Idol".

Comme à son habitude, l’équipe d’AlloCiné est présente sur les lieux pour vivre et vous faire vivre l’événement, mais aussi les découvertes, les surprises et les imprévus qui l’accompagnent. Pour ce nouveau récapitulatif quotidien, retour sur la journée du 22 mai.

A t-on trouvé le successeur de Sans Filtre ?

L’Autrichienne Jessica Hausner présentait son Club Zero en Compétition. Co-produit par le subversif Ulrich Seidl, le long métrage plonge dans le quotidien d’une école particulièrement sélecte, bientôt dynamitée de l’intérieur par un professeur/gourou qui ne jure que par le jeûne… Comme à son habitude, la cinéaste trouble et dérange, jusqu’à proposer l’une des réelles scènes choc de cette quinzaine cannoise. Un concurrent sérieux pour la Palme tant on dirait Club Zero fait sur mesure pour le Président du Jury Ruben Östlund.

Avec un malaise à la clé !

La scène-choc en question, la “scène de vomi cannoise 2023”, voit une jeune femme, convaincue du bien-fondé de sa nouvelle alimentation consciente, régurgiter son repas avant de réingurgiter la mixture (!) sous le regard atterré de ses parents (Elsa Zylberstein et Mathieu Demy). Et le regard dégoûté du spectateur. Parmi l’assistance cannoise, Variety rapporte qu’une personne (au moins) a dû quitter la salle alors que plusieurs autres détournaient le regard et retenaient des haut-le-coeur. Bon appétit, bien sûr !

Des marches pop…

C’était assurément la Séance de Minuit la plus attendue et la plus pop de ce Festival de Cannes 2023. Précédés d’une réputation sulfureuse, les deux premiers épisodes (très sexy selon les premières réactions à la sortie du Théâtre Lumière) de la série The Idol ont été dévoilés en présence de The Weeknd (alias Abel Tesfaye), Lilly Rose Depp et des invités venus de l’influence et de la musique comme Travis Scott ou Jennie des Blackpink.

… et engagées

“Un tournage équivaut à 37 allers-retours Paris-New York en termes d’émissions de CO2”. Emmenés par Cyril Dion, de nombreux professionnels du cinéma, issus de tous les secteurs du 7e Art (réalisateurs, comédiens, techniciens, spectateurs, producteurs, exploitants, programmateurs…) ont profité de la montée des marches de Club Zero pour lancer CUT! (Cinéma Uni pour la Transition), le premier collectif du cinéma pour agir face au péril écologique. Pour en savoir plus : https://www.cut-collectif.fr/

Une série B dynamite Cannes (by night)

Un carambolage sur un pont. Des chiens enragés qui attaquent les survivants. Un épais brouillard. Tel est le menu de Project Silence, thriller sud-coréen un peu fou présenté en Séance de Minuit à Cannes. Emmené par Lee Sun-kyun, vu au générique de Parasite, le film de Kim Tae-Gon, écrit par le scénariste de Dernier train pour Busan, n’est pas exempt de défauts. Loin de là. Mais sa générosité et son côté WTF emportent le morceau : il y a de l’action à gogo, c’est parfois très marrant, parfois très kitsch, le mot nanar n’est jamais loin, on aime une scène, on s’agace d’une autre, mais on ne s’ennuie jamais. Et si c’était tout ça, finalement, la recette d’une bonne série B ?

Intelligent et accessible

Les Feuilles mortes, nouveau long métrage d’Aki Kaurismäki présenté en Compétition, relate la rencontre entre deux personnes solitaires dont l’amour naissant va se retrouver contrarié par le destin. On y retrouve les marottes du cinéaste, à savoir deux prolétaires qui se rencontrent et vont vivre une histoire d’amour difficile, mais aussi la radio qui ne relate que des catastrophes, les reprises de standards de la musique en version finlandaise et la représentation de métiers à la pénibilité évidente. Les Feuilles mortes aborde tout cela avec une légèreté qui ne porte jamais préjudice à l’histoire qu’il raconte ou à ses personnages. Un film très intelligent et accessible au grand public, ce qui est sans doute sa plus grande force.

Scorsese à la baguette

Le grand public connaît principalement de Howard Shore sa partition pour les trilogies Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit. Il ne faut pas oublier le reste de son impressionnante carrière depuis la fin des années 70, et notamment sa collaboration régulière avec Martin Scorsese (After Hours, Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés ou Hugo Cabret). Le réalisateur de la claque Killers of the Flower Moon est d’ailleurs venu le rappeler en personne, en s’invitant par surprise pour participer sur scène à la leçon de musique de son maestro.

La journée de la jupe

Au palmarès des tenues marquantes de ce Cannes 2023, celles du jury de la Queer Palm 2023. John Cameron Mitchell (président de ce jury) et le réalisateur Zeno Graton (actuellement à l’affiche avec Le Paradis) ont monté les marches en jupe, accompagné des autres membres du jury, Louise Chevillotte, Cédric Succivalli et Isabel Sandoval.

Chaque année, le Festival de Cannes décerne une “Queer Palm” visant à distinguer des films (courts et longs) “traitant de thématiques ou de personnages LGBT+, féministes ou remettant en cause les normes de genre“.

Au micro d’AlloCiné, l’une des membres du jury, l’actrice Louise Chevillotte, vue dernièrement dans A mon seul désir de Lucie Borleteau, a évoqué pour nous ce qu’elle attendait d’une oeuvre queer. “J’attends de voir des histoires qui ne sont pas celles représentées majoritairement. J’attends des dramaturgies un peu nouvelles, des rapports entre les êtres qui sont en dehors des carcans de la société ou de la morale. On est dans un monde où le modèle dominant est l’hétéronormativité.”

Et d’ajouter : “Quand on découvre le cinéma queer ou même le milieu queer en général, je trouve que c’est une vraie liberté, une émancipation du regard, parce que les récits se réinventent parce qu’ils n’ont pas de règles à respecter.”

“La question est aussi : est-ce une œuvre de cinéma ? Le fondateur de la Queer Palm, Franck Finance Madureira, nous a bien dit : “nous sommes là pour saluer une eouvre de cinéma et pas pour dire qui a été le meilleur donneur de bons points queer”. Ce qui prime est le cinéma.” Verdict de la Queer Palm, ce vendredi 26 mai.

Une Palme d’or incognito

Repéré incognito dans le Grand Théâtre Lumière… Nuri Bilge Ceylan. Le réalisateur déjà Palmé pour Winter Sleep, de retour en compétition cette année avec Les Herbes sèches, était dans l’assistance pour découvrir un film en compétition face à lui, Anatomie d’une chute de Justine Triet.