Lorsque l’on évoque Hébron, l’histoire du conflit israélo-palestinien résonne de manière aiguë : cette ville cristallise en son sein les tensions les plus vives entre les deux communautés. Cette métropole, la plus grande de Cisjordanie, abrite le tombeau des Patriarches, et est considérée comme un lieu saint pour les juifs, les musulmans et les chrétiens. A la suite de la guerre des Six-Jours de 1967, des colons juifs s’installent au cœur d’Hébron, une première pour une colonie, celles-ci étant jusque-là souvent situées en périphérie des villes.

La ville compte aujourd’hui 850 colons protégés par 17 unités de l’armée de l’Etat hébreu chargées de contrôler drastiquement les habitants palestiniens qui sont au nombre de 35 000 dans cette zone occupée. Le documentaire Hébron, Palestine : la fabrique de l’occupation, réalisé par Idit Avrahami et Noam Sheizaf, décrit comment cette ville est devenue un laboratoire de l’occupation israélienne, révèle sa violence et dévoile comment des soldats israéliens dénoncent les persécutions subies par les citoyens arabes.

Hébron, une ville colonisée de l’intérieur

Postes de contrôle, caméras de surveillance, barbelés, murs de séparation… Au fil des années, les moyens de contrôle se sont multipliés dans la vieille ville d’Hébron, afin que juifs et Palestiniens évitent le plus possible de se croiser et donc de s’affronter. Alors que l’espoir de trouver une issue au conflit naît lors des accords de paix d’Oslo, un colon juif extrémiste tue, en 1994, 29 Palestiniens et en blesse 125 autres au tombeau des Patriarches.

A la suite de ce massacre, l’occupation militaire israélienne s’intensifie pour protéger la colonie juive d’éventuelles représailles. En 1997, la ville est coupée en deux zones : H1 devient le quartier arabe, H2 le quartier juif, qui compte également beaucoup de résidents palestiniens. Mais la coercition est telle qu’une intifada (“soulèvement” en arabe) éclate en l’an 2000. 

Révéler les injustices endurées par les Palestiniens

Afin de briser l’insurrection palestinienne, l’armée durcit le ton et traite de plus en plus violemment la population arabe. Yahuda Shaul, qui témoigne dans le documentaire, est, à l’époque, officier israélien en poste à Hébron. “La goutte qui a fait déborder le vase, c’est le jour où nous sommes allés souder les portes des habitations palestiniennes dans la rue Shuhada. On soudait les portes des familles en les piégeant à l’intérieur, elles ne pouvaient pas sortir. Cela a été le moment de rupture totale pour moi”, confie l’ancien sergent. 

Choqué par les brutalités et les humiliations dont sont victimes les Palestiniens, Yahuda Shaul quitte l’armée et décide de dénoncer les exactions commises par les forces de défense israéliennes. Tout d’abord en prenant des photos, puis en créant, en 2004, une ONG appelée Breaking the Silence (“briser le silence”). 

“Il fallait que l’on fasse quelque chose, raconter ce qui se passait une fois rentrés chez nous. Il fallait que les gens comprennent.”

Yahuda Shaul, ancien soldat israélien

dans “Hébron, Palestine : la fabrique de l’occupation”

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