Si les dernières paroles d’Emiliano Sala, juste avant l’insoutenable silence radio, glacent le sang a posteriori – le jeune footballeur confiait en rigolant son angoisse devant l’état de l’avion de tourisme mis à sa disposition par l’agent de joueurs Willie McKay pour rallier le Pays de Galles -, celles du pilote de l’appareil, rapportées dernièrement par la Daily Mail, ne sont pas de nature à atténuer l’angoisse ni à apaiser la détresse : l’homme en question, âgé de 60 ans, avait déclaré être “un peu rouillé“.

Officiellement transféré le 19 janvier du FC Nantes, où il venait d’accomplir une première moitié de saison exceptionnelle, au club de Cardiff, Emiliano Sala avait définitivement quitté la Loire-Atlantique dans la soirée du lundi 21, après avoir pris le temps de dire au revoir à ses ex-coéquipiers, auxquels il a laissé le souvenir d’un homme adorable et d’un guerrier sur le terrain. Il avait alors pris place, peu avant 20 heures, à bord d’un Piper PA-46 Malibu, un petit monomoteur d’une capacité totale de six places, en compagnie d’une seule autre personne : le pilote, David Ibbotson. Constatant quelques “ratés dans la mise en route des moteurs“, l’attaquant italo-argentin de 28 ans avait fait part avec humour d’une certaine appréhension à des proches et des amis, via des échanges par services de messagerie : “Je suis dans l’avion, on dirait qu’il va tomber en morceaux, et je pars pour Cardiff. Si dans une heure et demie vous n’avez plus de nouvelles de moi, je ne sais pas si on va envoyer des gens pour me rechercher, parce qu’on ne va pas me trouver, sachez-le. Oh là là, qu’est-ce que j’ai peur !“, disait-il notamment dans un message vocal envoyé via WhatsApp.

Depuis la disparition de l’avion, qui a échappé aux radars à 21h23 lundi soir alors qu’il se trouvait à une vingtaine de kilomètres au nord de l’île anglo-normande de Guernesey, aucune information n’avait paru concernant son pilote. On sait désormais qu’il s’agit d’un certain David Ibbotson, un Britannique de 60 ans par ailleurs ingénieur dans le domaine de l’énergie et DJ occasionnel. C’était, semble-t-il, lui qui avait déjà acheminé sans encombres Emiliano Sala à Cardiff deux jours plus tôt lorsque celui-ci avait passé sa visite médicale et paraphé son contrat avec son nouveau club, lequel l’avait arraché à Nantes moyennant 17 millions d’euros environ.

Le Daily Mail a relevé (capture d’écran à l’appui) qu’Ibbotson avait admis, quelques heures avant ce vol qui fut possiblement son dernier, être “un peu rouillé” au niveau des commandes d’atterrissage : dans des échanges sur Facebook sous une publication le localisant à l’aéroport de Nantes Atlantique en début d’après-midi lundi, il avait ainsi commenté avec un de ses contacts son approche “un peu trop haute” du tarmac, ajoutant en plaisantant “c’est toujours mieux que trop bas“. Des propos légers qui, sortis de leur contexte et au vu des événements ultérieurs, résonnent dramatiquement. Le quotidien régional Ouest France précise que le pilote gallois avait passé deux nuits dans un hôtel proche de l’aéroport, en attendant de remmener Emiliano Sala outre-Manche.

L’heure est encore, bien que l’espoir soit minime, aux recherches ; le temps de l’enquête et des explications viendra plus tard…

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