Les résultats préliminaires d’un vaccin expérimental contre Ebola sont prometteurs. Selon l’étude publiée dans The New England Journal of Medicine, ce produit testé sur 20 patients a été bien toléré et a permis de susciter une bonne réponse immunitaire… dont on ne sait cependant pas aujourd’hui si elle est protectrice vis-à-vis du virus.

Une femme de 39 ans recevant le vaccin expérimental contre Ebola au NIH Clinical Center de Bethesda.

Le vaccin contre Ebola suscite une réponse immunitaire doubleLe vaccin cAd3 est le fruit d’une collaboration entre des scientifiques du centre national américain de recherche sur les vaccins (NIAID Vaccine Research Center – VRC) et d’Okairos, une société de biotechnologie acquise par le laboratoire GSK. Il contient des segments de matériel génétique du virus Ebola de deux souches de virus différentes (Soudan et Zaïre), acheminés par un adénovirus qui provoque un rhume chez les chimpanzés mais est inoffensif chez l’homme. Ce vaccin ne contient pas de virus Ebola et ne peut donc pas causer de maladie.L’essai a inclus des personnes âgées de 18 à 50 ans. Dix volontaires ont reçu une injection intramusculaire du vaccin à une dose faible et 10 ont reçu le même vaccin à dose plus élevée. Deux et quatre semaines après la vaccination, les chercheurs ont vérifié si ces injections avaient conduit à la production d’anticorps anti-Ebola. Résultat : Tous les volontaires ont de tels anticorps dans les quatre semaines suivant la vaccination. Les niveaux d’anticorps sont plus élevés chez ceux qui ont reçu l’injection la plus dosée.Les scientifiques ont également analysé leur sang pour savoir si le vaccin avait favorisé la production de cellules du système immunitaire appelées lymphocytes T, car selon une étude récente conduite chez les primates a montré que ces deux types de réponses (anticorps et lymphocyte T) étaient suffisantes pour protéger les animaux vaccinés lorsqu’ils étaient exposés à des niveaux élevés de virus Ebola. Résultat : une réponse des lymphocytes T a été retrouvée chez la plupart des volontaires, y compris la production de cellules T CD8, qui peuvent être un élément important de la protection immunitaire contre les virus Ebola. Quatre semaines après la vaccination, les cellules T CD8 ont été détectées chez deux volontaires qui avaient reçu le vaccin à la dose la plus faible et chez 7 volontaires parmi ceux qui avaient reçu la dose plus élevée.Des résultats très encourageants en attendant de démontrer son efficacité“Des études précédentes nous ont permis de voir que chez des primates non-humains, les cellules T CD8 ont joué un rôle crucial dans la protection des animaux qui avaient été vaccinés avec ce vaccin NIAID/GSK puis exposés à des quantités mortelles de virus Ebola“, a déclaré Julie E. Ledgerwood, principal auteur de cette étude. “La taille et la qualité de la réponse des lymphocytes T CD8 constatées dans cet essai sont similaire à celles observées chez les primates non humains vaccinés avec le vaccin candidat“.Enfin, l’étude ne rapporte pas d’effets indésirables graves chez aucun des volontaires. Seules deux personnes qui ont reçu le vaccin à dose plus élevée ont brièvement développé une fièvre durable dans la journée suivant la vaccination.Ces résultats sont encourageants mais ils ne fournissent pas pour autant de preuves de son efficacité, ni de savoir si en zone d’épidémie, il pourra réduire le nombre d’infections chez les personnes vaccinées. L’immunité suscitée est-elle suffisante pour protéger de la maladie ?“Sur la base des résultats positifs du premier essai clinique de ce vaccin, nous accélérons nos efforts pour mener des études avec plus de personnes afin de déterminer si le vaccin est efficace dans la prévention de l’infection à virus Ebola“ déclaire le directeur du NIAID Anthony S. Fauci.Par ailleurs, d’autres vaccins sont en développement et on ne sait pas aujourd’hui s’ils seront plus ou moins efficaces… Parmi eux, la firme Johnson et Johnson a annoncé qu’elle investissait 200 millions pour le développement d’un vaccin en cours de développement. La Russie a annoncé mi-novembre qu’elle serait en mesure de fournir trois vaccins d’ici à 6 mois. Un vaccin développé par l’agence de santé publique du Canada (rVSV) est également en cours de développement.Malgré toutes ces pistes, la conduite de plus larges études sera nécessaire avant toute commercialisation. En attendant, d’autres traitements expérimentaux sont administrés aux victimes à titre compassionnel : le Zmapp, cocktail de trois anticorps monoclonaux développé par Mapp Bio ou le favipiravir, un

antigrippal japonais actuellement testé en Guinée dans le cadre d’un essai clinique français. David Bême Sources :Chimpanzee Adenovirus Vector Ebola Vaccine – Preliminary Report – Julie E.Ledgerwood et al. NEJM publié le 27 novembre 2014 (

étude accessible en ligne)NIAID/GSK Experimental Ebola Vaccine Appears Safe, Prompts Immune Response – NIAID – 27 novembre 2014