Avec plus de 70000nouveaux cas par an en France, le cancer de la prostate est la deuxième cause de mortalité par cancer chez l’homme. Lorsqu’il est limité à la prostate (ne s’est pas propagé à d’autres organes), il peut être le plus souvent guéri… sauf s’il s’agit de cancers dits “à risque élevé“. Mais selon une nouvelle étude, un médicament a réussi à éliminer presque totalement ces tumeurs très agressives chez de nombreux patients.

L'acétate d'abiratérone réussit à éliminer les tumeurs de la prostate chez des hommes atteints de cancers à haut risque.

Lors du diagnostic, la grande majorité des cancers de la prostate sont localisés, c’est-à-dire qu’ils ne se sont pas propagés en dehors de la prostate. Ces tumeurs sont alors classées en différents stades allant de faible risque à haut risque selon des critères de gravité1. La prise en charge des plus agressives pourrait bientôt évoluer selon une étude présentée dans le cadre du congrès américain sur le cancer ASCO 2012.Le casse-tête des cancers de la prostate à haut risqueFace au

cancer de la prostate agressif dit “à risque élevé“, le traitement repose sur l’ablation de la prostate (

prostatectomie totale) ou une radiothérapie externe, associée à une hormonothérapie prolongé2. A ce stade dit T3, la guérison reste difficile et les propagations du cancer à d’autres parties du corps fréquentes (métastases).Le cancer de la prostate est sensible aux androgènes, il répond donc aux traitements qui diminuent les taux de ces hormones. Mais de précédentes études ont montré que l’utilisation d’une hormonothérapie standard avant chirurgie ne présentait que peu de bénéfices pour ces patients.Une nouvelle étude a évalué l’ajout de

l’acétate d’abiratérone (commercialisé sous le nom de Zytiga ® par le laboratoire Janssen Cilag). Ce médicament est déjà indiqué en association avec un anti-inflammatoire stéroïdien (prednisone) pour

les formes de cancers de la prostate métastatiques (s’étant propagé à d’autres organes) résistants à la castration3.L’acétate d’abiratérone agit en inhibant la synthèse d’androgènes, qui favorisent la progression du cancer. Pour y arriver, l’acétate d’abiratérone bloque une étape nécessaire à leur production (le complexe enzymatique CYP17) et a ainsi une action au niveau des trois sources d’androgènes : testicules, glandes surrénales et tissu tumoral4.Un tiers des patients débarrassés des tumeursLes chercheurs du Dana-Farber Cancer Institute ont réparti 56 hommes diagnostiqués avec un cancer de la prostate à risque élevé en deux groupes5. Le premier a reçu pendant 12 semaines une thérapie hormonale à base d’

acétate de leuproréline, auquel a été ajouté l’acétate d’abiratérone pendant 12 autres semaines. Le second a reçu pendant 24 semaines l’association des deux médicaments. Une prostatectomie a été conduite chez tous ces patients après ces 24 semaines de traitements et le tissu a été examiné pour révéler la présence de cancer.Résultats : un tiers des patients du second groupe n’avaient plus (3/29 patients) ou presque plus (7/29) de tissu tumoral. Dans le premier groupe, 15 % avait soit une rémission complète (1/27) ou une élimination presque totale (3/27) de leur cancer.“Pour ces patients atteints de cancers à risque élevé, avoir très peu ou plus de trace de cancer détectable après 6 mois de traitement est spectaculaire“, a déclaré le Pr. Mary-Ellen Taplin principale auteur de l’étude. “Selon nos résultats, cette approche de thérapie combinée pourrait améliorer la prise en charge d’un nombre important d’hommes. Mais des essais de plus grande ampleur et à plus long terme sont nécessaires pour le confirmer“.David Bême1 – Le cancer de la prostate à risque élevé se caractérise par un niveau de PSA supérieur à 20, une maladie dite de haut grade (un examen de biopsie prostatique au microscope permet d’évaluer la dangerosité de la tumeur, exprimée avec une échelle validée dite “score de Gleason“ supérieur à 7) et un stade d’évolution de la tumeur indiquant qu’elle s’est diffusée dans toute la prostate. Un seul de ces trois critères suffit à caractériser la tumeur comme étant à haut risque.2 – Cancer de la prostate – Guide affection de longue durée – HAS/inca – janvier 2012 (

accessible en ligne)3 – Le Zytiga ® a fait l’objet d’une ATU de cohorte du 1er août 2011 au 14 septembre 2009. Il a reçu son AMM le 5 septembre 2011 dans cette indication – Document de l’ANSM

accessible en ligne4 – “Les traitements suppresseurs des androgènes, tels que les agonistes de la LH-RH ou l’orchidectomie (ablation des testicules), réduisent la production d’androgènes dans les testicules mais n’affectent pas leur production par les glandes surrénales ni dans la tumeur. Administré en même temps que des agonistes de la LH-RH (ou que l’orchidectomie), le traitement par ZYTIGA abaisse le taux de testostérone sérique à un niveau indétectable (par les méthodes de dosage commercialisées)“ – Résumé caractéristique du produit – EMEA (

accessible en ligne).5 – Effect of neoadjuvant abiraterone acetate (AA) plus leuprolide acetate (LHRHa) on PSA, pathological complete response (pCR), and near pCR in localized high-risk prostate cancer (LHRPC): Results of a randomized phase II study. – Mary-Ellen Taplin – Abstract 4521 – ASCO 2012 – (

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