“Je connais l’immense allergie du peuple vénézuélien vis-à-vis de toute interférence américaine”, a déclaré lundi 25 février sur France Inter l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui a vécu au Venezuela. “C’est le pays d’Amérique latine qui est le plus marqué de ce point de vue-là”, assure-t-il.Selon lui, une intervention militaire, que ne l’exclut pas le président américain Donald Trump, serait “catastrophique” : Nicolas Maduro “tient l’armée, une partie de la population et des groupes paramilitaires importants, les ‘colectivos’. Le risque d’un bain de sang est là”, analyse Dominique de Villepin sur France Inter. “Donald Trump joue avec les mots et joue avec le feu.”“Eviter la logique de confrontation”L’ancien chef du gouvernement français met en garde : “Le pari qui a été fait par Donald Trump, suivi par les Européens, c’est que le régime de Maduro allait tomber comme un fruit mûr : cela fait un mois. Nous avons fait le même pari sur la Syrie et des années plus tard, c’est Bachar al-Assad qui est toujours au pouvoir.”Pour autant, une intervention militaire américaine serait “une grande erreur”. “L’Europe et, au premier chef, la France doivent être responsables d’une médiation. Nous devons éviter la logique de confrontation, comme on l’a vu [samedi] à la frontière entre la Colombie et le Venezuela à Cúcuta avec des morts et des centaines de blessés”, a noté l’ancien Premier ministre, qui dit comprendre “pourquoi Emmanuel Macron et le gouvernement français ont décidé de marquer le coup”, après que la France a reconnu Juan Guaido comme président par intérim pour organiser de prochaines élections présidentielles.“Nous sommes dans une situation qui au Venezuela est dramatique : un pays dans l’impasse, avec une souffrance immense, une majorité de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, 3 millions de Vénézuéliens qui ont quitté le territoire”, a poursuivi Dominique de Villepin au micro de France Inter.